Genèse de la kora à 16 cordes Imprimer

Tout a commencé par une conversation avec Thierry Bertrand au sujet des instruments d'étude qu'il avait conçus pour faire renaître et pour développer la pratique de la veuze, cornemuse vendéenne.

Je cite ses propos de mémoire :
"Une tradition, c'est quelque chose qui se transmet ; pour bien transmettre, il faut initier les jeunes, parce qu'ils ont l'esprit et la sensibilité malléables, qu'ils apprendront plus vite et progresseront davantage en ayant le temps devant eux. Si c'est avec une tradition instrumentale qu'ils se familiarisent, il leur faut des instruments ; et comme on n'est pas sûr qu'ils persévéreront, il leur faut des instruments d'étude robustes et peu onéreux, que pourront acheter des écoles associatives qui se constitueront un parc d'instruments à louer ou à prêter. Ainsi on pourra-t-on multiplier le nombre d'élèves avec plus de chances de voir augmenter le nombre de musiciens qui continueront à pratiquer..."

Par ailleurs, j'avais pu constater que les enthousiasmes initiaux des apprentis koraïstes occidentaux s'épuisaient la plupart du temps sur la problématique de l'accord des koras traditionnelles à colliers, la complexité de l’instrument, et sur l'absence de formateurs de proximité, sauf peut-être dans les agglomérations parisienne, marseillaise, ou lyonnaise. Ainsi, lorsque Laurent Cassin, musicien du groupe Maya Dagi, me demanda de l'aider à fabriquer un instrument du type harpe à chevalet, nous conçûmes la première kora à 16 cordes, heptatonique et parfaitement symétrique.

Après avoir donné un stage de formation à la fabrication de cet instrument à des musiciens-intervenants au CFMI de Lille, il devint évident qu'il fallait absolument concevoir une méthode d'apprentissage pour ses utilisateurs, qui n'avaient pas nécessairement dans leurs amis ou relations un griot mandingue joueur de Kora.

Dominique Mégret, guitariste et pédagogue, s'est passionné pour l'instrument et le projet.Après avoir transcrit deux pièces traditionnelles mandingues, composées pour la kora à 21 cordes il a fort opportunément suggéré d'introduire une "basse de rappel", jouée par le pouce gauche, à la quarte inférieure de la tonique en do (la gamme diatonique pour faciliter l’accès aux plus jeunes !). Nous étions alors fondés à appeler cet instrument kora d'étude. De par la diversité de ses goûts musicaux, Dominique a ainsi écrit des exercices dont les sources d'inspiration viennent aussi bien des traditions sahéliennes que celtiques ou encore brésiliennes... Nous avons alors considéré que nous avions entre les mains un instrument modal transculturel d'origine mandingue.

Après mûre réflexion, il est apparu que le recours à un logiciel musical séquenceur dans lequel existerait une tablature spécifique, autoriserait en particulier le télé-enseignement par courrier électronique à des apprentis musiciens relativement autonomes dans leur pratique ; ceux-ci pourraient prendre des cours sous forme de stages périodiques.Nous sommes très reconnaissants aux concepteurs du logiciel Harmony Assistant d'avoir accédé à notre demande de réalisation de la tablature pour kora à 16 cordes. Qui plus est, la version d'évaluation qui permet de lire les fichiers d'exercices est téléchargeable gratuitement sur internet.Pour avoir déjà expérimenté cette procédure de télé enseignement et de stages réguliers, nous sommes certains d'avoir mis au point une méthode de transmission compatible avec les nécessités et les techniques de notre temps.

Bien entendu, la transmission orale directe est irremplaçable, pour tout ce qui passe en communication non verbale, en chaleur humaine, et en efficacité de l'intuition pédagogique en temps réel ; d'où la nécessité des stages, mais réduire les coûts de déplacement des formateurs ou des élèves, ainsi d'ailleurs que le nombre de cours particuliers, permet d'espérer un mode de diffusion particulièrement pertinent pour notre époque.

Voir la galerie photo de l'instrument

Mis à jour ( Samedi, 09 Août 2008 09:23 )